Tomates : le fruit de l'obstination

Ça y est, le projet tomates est bouclé; il arrive. Et ce, malgré tous les obstacles et les doutes de quelques "amis" sceptiques. Des pessimistes et autres contradicteurs qui se complaisent à se satisfaire d'un échec. Voire de l’espérer des fois qu’il ferait de l'ombre à leur soleil , qu’il brille ou non.  N’empêche, on se dit qu'il faut être sacrément sportif et même marathonien pour s'engager en France dans le développement  économique  de son territoire ou être complètement fou. Sauf à   croire en sa bonne étoile sachant  que la chance il faut savoir la saisir à moins qu'elle ne soit une compétence portée par la confiance et l'obstination qui finissent par payer, la preuve.  En économie la victoire se traduit par des emplois et des recettes nouvelles, ne l'oublions pas. Le Sud Manche en a grand besoin. Certes le chômage y est faible mais ce territoire est fragile étant atteint par le vieillissement, le départ des jeunes et la précarité.  Les débats politiques lors des orientations budgétaires des collectivités en témoignent; les ressources financières sont loin d'être au beau fixe.

Ce projet tomates revient de loin mais  il arrive à point. Initié en 2014,  il aura fallu quatre années pour qu'il se concrétise si l'on considère qu'il va falloir encore attendre 8 mois pour construire les serres et les centrales de cogénération qui produiront 12,5 MW d'électricité. Quatre années, jalonnées de suspicions et de reproches. Récemment encore lors d'une  réunion, je me voyais interpellé par un élu sur le fait de n'avoir jamais  informé les services du démarrage du projet en 2018 que la collectivité compétente devra accompagner en réalisant 160000 € de travaux dès cette année... faute sans doute de n'avoir pas voulu vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Et pour cause, les fonds viennent seulement d'être obtenus. Mais qu’est-ce en  comparaison des 40 millions d'euros financés par les investisseurs privés avec la promesse de 150 emplois à la clé? Tout élu expérimenté en économie le sait. Ce n'est pas lui  mais le chef d'entreprise qui engage son argent. Il ne peut  le faire qu'en toute sécurité. C'est pourquoi les maraîchers du Mont-Saint-Michel n'ont pu prendre leur décision que le 31 mars dernier . Si l’on doit rester sourd à de tels projets novateurs et être incapable d'accompagner de tels investissements, il vaut mieux renoncer tout de suite au développement économique de son territoire et rester simple citoyen... Une collectivité doit être  en capacité  d’être réactive  et de  dégager une somme aussi minime soit-elle par rapport à un budget d'investissement privé de plusieurs millions d'euros sinon ce serait à désespérer de l’avenir. Pour ce qui est de la question du planning, ça démontre s’il en était besoin que tout élu doit assimiler cette exigence de réactivité des collectivités en matière économique. L'immobilisme est le fléau  de l'économie; il peut se comprendre pour qui n'a jamais eu  à s’affronter ni à s’affranchir de tous les obstacles qui peuvent faire barrage et ralentir des projets innovants. Ce serait faire preuve d'une grande naïveté que de ne pas  comprendre que les concours bancaires conditionnent  quasiment tout les projets économiques et que ce n’est qu’après les avoir obtenus que les choses peuvent se concrétiser. Pour ce projet, même avec 50% de fonds propres ce n’était pas suffisant; il a fallu  trouver les banques qui étaient capables et avaient la liberté d’allonger 20 M€. Un parcours semé d’embûches à commencer par celles placées par les producteurs français de tomates, alors  que 50% des tomates fraîches consommées en France viennent d'Espagne et du Maroc. Leur lobbying effectué auprès de leurs banques n'a pas été sans conséquences sur l'avancée  du projet. Lequel aurait pu tout simplement capoter si élus et investisseurs n'avaient pas été unis dans le montage qui se développera sur deux autres territoires en Normandie, dont celui d'Isigny le Buat. Alors, entendre une telle question n'est pas sans  m'inquiéter   et m’amène à m'interroger sur l'avenir de nos territoires. En fait, c'est toute une formation qu'il conviendrait  d'organiser ne serait-ce que pour faire prendre conscience que des projets de cette envergure ne se font pas d’un claquement de doigts. En novembre 2017, la banque pressentie fait volte face et se retire sans autre forme de procès. En mars 2018, une seconde fait de même. Fort heureusement le pool bancaire reçoit en dernière minute le soutien d'une quatrième banque, grâce notamment à quelques amis et élus fidèles et d'un solide réseau constitué au fil des années. Même Madame Brigitte Macron et Benjamin Grivaux ont été approchés en décembre dernier. C’est dire l’énergie qu’il a fallu déployer et l'obstination dont il a fallu faire preuve.

L’histoire se termine bien, et les 16,17 et 18 avril, tous les terrains seront acquis. Ce qui fait que nous sommes enfin en mesure d’annoncer que le projet va sortir de terre. J’en profite  pour remercier tous les partenaires qui nous ont permis de boucler le dossier : le dénicheur du projet, l'État, la SAFER, EDF, GDF , la SEM Séenergie qui a suivi tout le dossier administratif, les propriétaires des terrains, et tous les amis qui de près ou de loin ont contribué à faire pousser sur notre sol un projet d'avenir pour la France et notre territoire. Ce plaisir efface les déceptions et les angoisses. Mais elles ne disparaîtront réellement qu'une fois l'opération lancée sur le terrain, et la première tomate cueillie en mars prochain. Il renforce également notre engagement pour le développent économique et les créations d'entreprises ou de structures porteuses d'emploi ... près d'une trentaine sur la vallée de la Sée ces 25 dernières années. Regardons bien, elles existent toujours et ce sont elles qui nous ont permis d'équiper notre territoire grâce aux recettes nouvelles qu'elles ont générées et génèrent encore. .